Le couteau est un outil formidable, qui nous facilite la vie depuis des siècles. C’est aussi une arme de courte distance redoutable qui peut être utilisée pour blesser ou tuer, et qui est toujours d’actualité étant donnée la facilité avec laquelle on peut se la procurer et la dissimuler.
Sans tomber dans la paranoïa, notre première défense dans la rue est l’observation et la prise de conscience de notre environnement. Si nous sommes suffisamment présents, nos sens et notre instinct nous avertiront du danger, ne serait-ce qu’à travers par une légère sensation d’inconfort, sensation souvent ignorée lorsque nous divaguons ou nous concentrons sur l’écran de notre Smart Phone. C’est déjà trop tard : nous sommes surpris et devons réagir plutôt qu’agir.
Face au danger, le niveau de stress et de tension physique auxquels nous sommes soudainement exposés peut assez facilement résulter en une incapacité totale de bouger, sauf si on l’habitude de respirer consciemment et de parvenir à se relâcher suffisamment pour manœuvrer un peu plus librement.
Dans la rue, aucune situation ne ressemble à une autre, mais il y a quelques règles d’or. La première, face à un inconnu qui semble agité, est de garder une distance suffisante entre lui et vous. Cela permet tout d’abord de l’observer de la tête au pied d’un coup d’œil, voire de balayer les alentours. Vous disposez alors des quelques secondes suffisantes pour analyser la situation (savoir ce qu’il veut, s’il est tout seul, lire son langage corporel, voir s’il cache un objet, etc.), et pour comprendre votre environnement (sorties de secours, objets pouvant servir de protection ou d’arme improvisée, etc.).
S’enfuir en courant peut paraître une bonne idée, mais ce n’est tout simplement pas toujours possible : jambes tétanisées, proches à protéger, aucune issue, agresseur en pleine forme physique et/ou extrêmement agressif, groupe d’agresseurs, etc.
Etre trop tendu lors d’une confrontation peut nous coûter très cher. Nous aimons donner l’exemple d’un morceau de viande crue, et de la difficulté qu’il peut y avoir à la couper sans un support rigide. Autrement dit : plus vous êtes tendu, plus les coupures seront profondes. Sous l’effet du stress de la confrontation, nous sommes fréquemment inconscients de notre état physique et émotionnel. En règle générale, ils sont liés. La tension émotionnelle provoquera de la raideur physique, en commençant par le plexus solaire, puis les hanches, les épaules, et parfois même jusqu’à la mâchoire, nous rendant parfois incapable de crier. Savoir rester suffisamment ‘’neutre’’ et calme est primordial afin de pouvoir agir intelligemment.
Au Systema, nous utilisons la respiration pour principe fondamental, l’inspiration par le nez et l’expiration par la bouche nous permettant de mieux gérer l’agitation du système nerveux et le flux d’adrénaline. Dans nos cours et séminaires, nous utilisons le couteau régulièrement en tant qu’outil d’apprentissage et arme de mise en situation. Les débutants s’entraînent avec des couteaux en bois, les élèves avancés avec des couteaux métalliques plus lourds et réalistes. Plutôt que des techniques prédéfinies, nous préférons enseigner le mouvement et le relâchement à nos élèves.
Nos différents exercices de défense face à un couteau consistent à :
- Analyser la situation, comprendre ses effets et gérer le stress de la confrontation ;
- Sortir le corps de la trajectoire de la lame en gardant le dos le plus droit possible ;
- Si l’on est coincé et que l’on ne peut pas se déplacer, utiliser ses bras pour contrôler le bras qui tient le couteau, avec juste suffisamment de tension pour dévier la trajectoire ;
- Passer d’exercices statiques (au sol et debout) à des exercices dynamiques, pendant lesquels on travaille le déplacement. Une cible qui ne bouge pas est un cible facile, et inversement, même et surtout lorsqu’il y a plusieurs agresseurs ;
- Savoir et pouvoir frapper avec les mains, poings, coudes, utiliser son environnement pour rediriger l’attaque vers un mur ou un pilier, etc. ;
- Apprendre à utiliser des armes improvisées de notre quotidien (parapluie, livres, vêtements, ceinture etc. …) pour se défendre ;
- Travailler d’abord doucement pour ne pas saturer le système nerveux, puis petit à petit augmenter la vitesse et la pression émotionnelle et psychologique jusqu’à pouvoir gérer des situations assez proches de ce qui peut se passer dans la rue.
Regarder des vidéos de défense sur DVD ou Youtube ne permet malheureusement pas de progresser ou de se préparer à quoi que ce soit. Je vous recommande par conséquent de vous entrainer régulièrement avec des partenaires honnêtes et un instructeur certifié.
Soyez prudents et bon courage à l’entraînement!
Jérôme Kadian